Interview avec notre collègue Perrine Wohlfrom sur sa recherche sur les produits bois et leur potentiel de stockage de carbone

« J’ai choisis d’étudier la filière bois et le potentiel de stockage de carbone dans les produits bois avec un cas pratique en Wallonie. Je voulais comprendre si ce stockage de carbone peut-être une solution - parmi plein d’autres - pour atténuer le changement climatique. En plus, j’ai évalué les mesures à mettre en place qui permettraient d’améliorer ce stockage. »

« J’ai effectué une recherche biographique classique selon la méthodologie du GIEC (2006 IPCC Guidelines for National Greenhouse Gas Inventories) pour comptabiliser le carbone des produits bois. Leur méthodologie considère la récolte de bois sur le territoire étudié qui sera ensuite transformée sur ce territoire ou ailleurs. J’ai d’abord étudié le stock de carbone dans les produits bois résineux en Wallonie pour l’année 2014 comme scénario de référence. Puis j’ai comparé ce scénario à des scénarios alternatifs qui sont basés sur des changements dans le cycle de vie des produits (allongement de la durée de vie, recyclage, réemploi, influence du bois énergie et mise en décharge). Cela m’a apporté beaucoup de données que j’ai obtenu du logiciel CAT (Carbon Accounting Tool), un logiciel qui permet de façon simple de modéliser le diagramme de flux de la filière bois d’un territoire, de la récolte à la fin de vie. Les données obtenues m’ont fourni quelques résultats intéressants. »

« La situation actuelle en Wallonie est que les émissions de gaz à effets de serre annuelles sont en moyenne de 36,86MtCO2eq. Les résultats de mon étude montrent que la quantité de carbone stocké dans les produits bois issus de bois résineux en utilisation et en décharge représente au total 48,86MtCO2eq, soit l’équivalent de 1,3 années d’émissions territoriales de la Wallonie.

Il faut bien sûr aussi tenir compte de la filière bois elle-même, ce secteur également émet des gaz à effet de serre (émissions fossiles dues à la transformation du bois et émissions de méthane lors de la dégradation du bois en décharge). Ces émissions représentent 0,367MtCO2eq/an, soit 1% des émissions territoriales annuelles de la Wallonie. En comparaison : la production de ciment en Wallonie représente 10,8% des émissions totales en Wallonie. La filière bois permet donc avec un impact faible sur le climat d’obtenir un bénéfice important, le levier de cette filière dans l’atténuation du changement climatique semble être particulièrement intéressant à exploiter. C’est pourquoi dans la deuxième partie de ma recherche j’ai comparé le scénario de référence à des scénarios alternatifs.

Ces scénarios alternatifs favorisent l’économie circulaire, et incluent :

• L’allongement de la durée de vie
• La suppression de la mise en décharge
• Le réemploi de bois de construction et des panneaux
• L’augmentation du recyclage des panneaux et du papier
• L’augmentation du bois énergie
• La diminution du bois énergie

Quasiment tous ces scénarios permettront de stocker plus de carbone cumulé ou bien d’éviter des émissions via la substitution des produits, sauf le scénario ou l’on augmente le bois énergie. En augmentant le bois énergie, on a moins de bois disponible pour faire des produits à longue ou moyenne durée de vie, ce qui veut dire qu’il y a moins de bois disponible pour substituer du béton ou de l’acier, ce qui a pour conséquence une augmentation des émissions fossiles. Il est d’ailleurs préférable de réserver le bois énergie aux connexes industriels (les scieurs, les coupeurs de bois industriel) ou au bois en fin de vie. Dans ce cas, on n’entre pas en concurrence avec le bois récolté en forêt. Comparer ces scénarios montre qu’en facilitant la circularité et le recyclage, on arriverait à avoir une amélioration, une augmentation du potentiel de stockage de carbone des produits bois. »

Les lecteurs peuvent déjà accéder à un résumé via ce lien. L'étude complète peut être demandée à Evi (evi@wood.be). Les deux documents sont disponibles en français et en anglais.